Martinique Digitale 2020

Inventaire d’alertes avant travaux

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Les entreprises des Technologies de l’Information et de la Communication représentaient en 2010 près de 200 millions d’euros de CA HT dont 40 millions pour les prestataires de service TIC ce qui représente environ 700 établissements TIC. Le nombre d’emplois généré étaient alors d’environ 3000 .


Depuis 2010, il n’existe aucun chiffres disponible sur le poids de ce secteur et si le secteur du Digital est émergent en Martinique, les mutations à venir qu’il provoquera seront sans précédent à l’échelle de notre histoire économique et sociale locale. Martinique Digital (regroupement des associations des TIC de la Martinique) souhaite lancer une alerte auprès des partenaires sociaux.


Ce mouvement est en oeuvre au niveau mondial, où des pans entiers de l’industrie disparaissent, sont en mutation ou en pleine reconstruction avec des impacts sociaux importants. Robotisation et automatisation, ubérisation, revenu universel, éducation, transformation du travail,... autant de débats qui agitent les experts internationaux.


La Martinique est à la recherche d’un nouveau modèle économique permettant de faire face à ses défis (chômage, démographie, coût de la vie). L’émergence d’une économie numérique nous semble être une voie à explorer sérieusement.


Martinique Digital expose ses perspectives pour la Martinique​ à horizon 3 ans, ainsi que ses solutions pour faire face à ces mutations à très court terme.


1.Social & Emploi


Risque


Depuis plusieurs années, l’INSEE rapporte un recul de l’emploi salarié marchand. Cette tendance progresse et le volume d’entreprises individuelles explose , +19% au premier trimestre 2016. En 2020, la tendance sera accélérée sous l’effet de la concurrence des plates-formes digitales et acteurs ecommerce nationaux et internationaux qui prennent des parts de marché du commerce local sans jamais y etre physiquement (Showroomprive.com communique sur les radios locales mais ne crée aucun emploi ou richesse localement).


La transition digitale et l’automatisation engagées par les grands groupes locaux entraînent mécaniquement un affaiblissement de l’emploi salarié et un besoin de montée en compétence sur des métiers nouveaux.


Notre territoire mal préparé se laisse déborder par cette tendance de fond et se retrouve avec une fracture sociale de l’emploi entre les profils très qualifiés et les non qualifiés entre la marginalisation et la tentation de l’économie informelle.


Opportunité

A l’horizon 2020, le travail indépendant est en plein boom et offre des opportunités de création et de redistribution de la richesse jamais vues pour la population locale. Des communautés d’indépendants sur du travail intellectuel se regroupent autour d’espaces de co-working allant du plus bas au plus haut niveau d’expertise. Ils utilisent des plateformes comme UpWork ou Freelancer.com afin de répondre à des missions à travers le monde entier sur des thématiques variées : design, production de contenu, développement logiciel, saisie de données, traduction, webmarketing, etc... Mais des plateformes locales se sont aussi créées afin de fluidifier les mises en relation sur des secteurs plus traditionnels (Existant : Antilles recrutement). L’expertise martiniquaise sur la construction, la cuisine, la mécanique de pointe et la santé s’exporte sans fuite des cerveaux. A titre d’exemple, une société de sécurité rapprochée basée à Fort-de-France génère +1 million de CA tout à l’export. Son secret : basé son développement sur la mise en réseau.


L’économie du partage aussi s’est développée et permet à une famille de Rivière-Pilote, par exemple, de gagner un revenu de 5000€/mois en accueillant des touristes (Existant : VillaVEO), en louant leur voiture (Existant : Carfully), en proposant des activités (Existant : BeyondTheBeach, Hi James ) et des services à une clientèle touristique et locale. Mais elle permet aussi de réduire leurs dépenses en bénéficiant de ressources partagées, allant de l’alimentaire (Jardins partagées), jusqu’aux services. Les revenus ainsi collectés assurent une distribution de dividende social dans le développement de ces activités.


Le développement d’acteurs du digital de type plateforme en local (Exemple : Deal des iles), crée aussi des opportunités d’emploi salarié durables dans les nouveaux métiers ultra-qualifiés . Les entreprises dites classiques ont fait leur mue et parient sur le Data Mining assurant un relais de croissance multiplié par 6 . De fait, elles recrutent des ressources plus qualifiées issues de formation développée à l’échelle régionale dans les structures de coopération avec la Caraïbe.


La Martinique devient terre d’expérimentations, à la croisée des cultures et du monde, forte de ses connaissances en technologies Open Source (Existant : Gael Musquet - Open Street Map) et Open Data.


Martinique Digital propose

De créer les conditions de développement de ces entreprises en :


- généralisant l’open data et l’accès aux informations de marché disponibles (études sectorielles, études prospectives, données géomatiques, etc.),
- encadrant le cheminement et la maturation des idées jusqu’à leur aboutissement économique : création d’accélérateur (voir plus bas),
- sensibilisant les partenaires économiques et sociaux aux besoins et conditions d’exercice de la nouvelle économie (Formation, ateliers, conférences, séminaires,...),
- améliorant le socle commun de connaissances et de compétences de la filière pour tous les publics,
- créant les dispositifs économiques et fiscaux favorisant l’émergence régional du numérique (Exemple : Élargissement de la LODEOM),
- soutenant la création d’espaces de travail partagées à coûts abordables offrant flexibilité, accompagnement de qualité, exposition internationale et accès aux financements,
- collaborant avec le législateur pour l’adaptation nécessaire des régulations au contexte régional,
- contribuant à la transition numérique des entreprises dites classiques pour améliorer leur rentabilité et compétitivité.


« Toutes les tâches qui sont automatisables sont en train de le devenir et cela touche progressivement l’ensemble des secteurs de l’économie ; cette phase de robotisation a commencé par les métiers ouvriers, et elle touche maintenant des processus qui étaient e ectués par des employés de bureau.
Progressivement, la valeur ajoutée se déplace de l’e ectuation elle-même des tâches vers trois terrains : la formulation de la demande du client, la conception de la solution et des automates qui les exécutent, enfin le service, qui consiste à livrer au client.
Les entreprises gagnantes seront celles qui sauront créer des complémentarités avec cette phase d’automatisation, notamment en contrôlant des points de collection d’information sur le client. »


2.Education et démographie


Risque


En 2020, les filières traditionnelles de formation en local sont complètement déconnectées de la nouvelle donne économique et peinent à placer et à séduire les étudiants. L’employabilité des chômeurs et des salariés n’ayant pas été assurée, la courbe du chômage s’accroît ou stagne. Les entreprises innovantes locales se retrouvent obligées de recruter ailleurs pour continuer leur croissance ou se délocalisent.


En 2013, on estimait qu’en 2020 les 10 emplois les plus recherchés n’existaient pas encore et que pour un étudiant d’un cursus technique ou universitaire, la moitié de l’apprentissage de la 1ère année serait obsolète à la 3ème année d’études .


Les entreprises ne peuvent plus faire face au coût de travail, la progression du salaire annuel moyen est très faible et les effectifs diminuent. Au niveau macro-économique, la masse salariale publique contribue de moins en moins à la croissance de la région. L’économie informelle se développe et le “jobeur” s’institutionnalise.


Les meilleurs, comme aujourd’hui, continuent donc à partir poursuivre leurs études à l’étranger ou évoluer, de plus en plus tôt, aggravant la fracture sociale et le déséquilibre de la pyramide des âges. Le recul des dotations d’Etat et des transferts sociaux conduit à avoir 1⁄4 de la population seniors sous le seuil de pauvreté. Les dispositifs de résorption de l’habitat insalubre ne fonctionne plus faute d’apport personnel, les besoins vitaux sont partiellement assurés et la maltraitance financière, sociale et familiale augmente. Nos aînés se retrouvent stigmatisés sans pouvoir contribuer à l’effort productif même en partie.


Le déclin des formations de l’Université des Antilles se confirme et les cursus technologiques disparaissent. Seule l’école SUPINFO subsiste avec une inadéquation grandissante entre le volume de ressources formées et les besoins des TPE (polyvalente, employabilité, méta-métier).


Opportunité

La diminution du volume d’étudiants à former permet une optimisation du fléchage des crédits alloués et une orientation plus pertinente du jeune public.


On privilégie les cycles de formation à forte valeur ajoutée avec un horizon prospectif de bassin d’emploi sur la Caraïbe. Le dimensionnement du marché de l’emploi dans les nouvelles technologies a révélé que 41 Millions d’habitants des îles voisines ont des besoins de ressources qualifiés en web Marketing, maintenance industrielle préventive, santé de la donnée, suivi numérique des rendements de l’agriculture, maîtrise de nouveaux procédés d‘extraction minière.


A l’horizon, la zone Amérique Latine-Caraïbe représentera le 3ème PIB mondial après les Etats-Unis et l’Asie . On culmine à 345 millions de personnes pour la classe moyenne en 2030. Cependant, nos voisins ont entamé leur transition et 90% des étudiants bénéficie d’une formation supérieure.


Que s’est-il passé en Martinique en trois ans ?


Certains acteurs se sont transformés (EGC - action déjà engagée) pour s’adapter aux besoins mais manquent encore cruellement de données sur les besoins de notre nouveau bassin d’emploi. Depuis 2015, les nouveaux acteurs de la formation (WebForce3 et Parallèle14) proposent des formats innovants mais piétinent sur le développement des perspectives d’emploi pour ces jeunes qualifiés.


Le Pôle Emploi a avancé sur sa révolution numérique et propose un accompagnement personnalisé pour développer l’employabilité et l’expertise des demandeurs d’emplois à partir de ressources en ligne et de modèle disruptif (Aslara).


L’auto-formation se développe et notre population suit et anime des webinars (séminaire à distance) à travers le monde.


Le Professeur YEBAKIMA ne se déplace plus que rarement pour distiller son savoir et la Martinique rayonne tant par la qualité de ses ressources mais aussi par celle de ses infrastructures techniques.


Martinique Digital propose

- De lancer la réalisation d’une enquête sur l’état de l’industrie numérique, ses impacts, ses opportunités
- De réaliser des scénarii de développement pour l’emploi (en formation initiale et continue) et des stratégies de retour de nos talents de l’étranger,
- D’améliorer l’accès à l’information pour les demandeurs d’emploi ou personnes en réorientation sur les cycles de formation numérique disponibles. Idée : création d’une plateforme (type guichet unique) pour le fléchage et la gestion optimisée de l’accompagnement financier,
- De créer un programme d’insertion des populations les plus difficiles basé sur l’économie digitale avec un maillage territorial, assuré en partie par les différentes associations disponibles présentes (création de valeur et réduction du delta qualifié/non-qualifié),
- Créer des concours type Startup week-end centrés sur le développement de la mixité sociale et de domaines d’activité (Ex: le AgriTech Week-end mixant les LEGTA, l’EGC et SUPINFO),
- Développer les programmes d’échanges et de formation avec les pays voisins visant à améliorer la qualité de nos ressources en langues et la pénétration de marché (Projet universitaire UA/UWI/EGC),
- Créer des modules Travaux Pratiques Numériques (Existant : Utellme et Exponenciel) et entrepreunariat dès le 1er cycle pour augmenter l’appétence et démystifier la technologie (passant du consommateur accro au producteur-consommateur).



3.Commerce et industrie locale


Risque


La moitié des boutiques des grands centres commerciaux ferme, faute d’avoir pu prendre le virage numérique à temps (Les commerçants de La Galleria indique avoir perdu 30% de leur chiffre d’affaire sur les 2 dernières années, mettant en cause directement les nouveaux acteurs de l’internet).


La situation est encore plus dramatique pour les commerces de proximité en centre-villes. Ils sont remplacés pour quelques un par des concept-stores et dépôts d’enseignes eCommerce nationaux et internationaux. Des solutions permettent à chacun de commander sur n’importe quel site eCommerce dans le monde. Amazon, Fnac, ShowRoomPrivé (qui fait déjà de la publicité sur RCI en Martinique sans avoir d’enseigne en local) deviennent les nouveaux commerçants forts de la Région.


Dans le tourisme, Airbnb gère plus de 3000 biens en local ce qui génère d’importants revenus avec peu de redistribution locale.


L’industrie touristique subit les foudres de ce développement avec peu de réforme du système productif alors même que l'île de la Réunion axe son action sur le eTourisme avec le concept du tourisme expérientiel (web marketing, réalité virtuelle, 3D, réalité augmentée, etc.) et en accompagnant leurs pépites.


Les entreprises locales sont sous considérées et sous accompagnées et nombre d’acteurs locaux préfèrent travailler avec des acteurs extérieurs sans privilégier la main d’oeuvre qualifiée locale. A long terme, la société martiniquaise crée des “chômeurs à fort potentiel”.


Les services ne sont pas en reste puisque des plateformes de services juridiques, d’avocats, de comptabilité, de création graphique et d’achats médias permettent à toutes entreprises de sous-traiter ses activités à l’étranger. En 2015, le call center de Canal+Antilles à été déplacé de Martinique vers Madagascar. La délocalisation de services a commencé et va s’accentuer.



Opportunité

Des plateformes locales se développent sur le modèle des grands écosystèmes internationaux. Certaines ciblent le local et capitalisent sur la proximité et l’affinité pour créer des nouveaux services qui séduisent et fidélisent la clientèle locale (Existant : WebDealAuto). Certaines sont issus d’acteurs traditionnels qui ont réussi à effectuer leur virage numérique au prix d’effort humain conséquent (Ex : PneuDeals lancé par PneuCash).


D’autres plateformes et acteurs ecommerces arrivent à proposer une qualité de produit et de service équivalente aux acteurs internationaux et sont les nouveaux moteurs à l’export de l’économie locale. Ils permettent de soutenir de nombreuses filières traditionnelles : Rhum (Existant : La compagnie du Rhum), artisanat, industries culturelles, gastronomie...


En 2020, les professions médicales ont effectué leur transition digitale et permettent de prendre RDV à distance, de consulter un médecin à distance, de faire sa dialyse sans se déplacer de chez soi. A cette date, le Nord de la Martinique ne souffre plus du désert médical. Chaque individu peut rapidement être pris en charge grâce à des solutions de pré-diagnostic et la consultation à distance. Nombre de vies sont sauvées à la Dominique et à Sainte-Lucie par le développement de l’offre de soins à distance.


L’imprimante 3D a remplacé un bon nombre de tâches chronophages chez les orthopédistes réduisant les délais d’attente pour l’usager et renforçant la stabilité financière de professions libérales peu à l’abri.


Les pièces de machine outils ne sont plus commandés en Chine et livrées sous 1 mois. Elles sont produites dans un atelier du Gros Morne qui produit pour l’industrie pétrolière, le nautisme, l’industrie de transformation en tout genre et rayonne de Cuba à Trinité-et-Tobago. Nos avocats cantonnés localement à l’aide juridictionnelle exportent leurs compétences sur des plateformes spécialisées à travers la Caraïbe développant l’accompagnement à la structuration juridique à l’export.


Rappelons que l’industrie du numérique en France c’est :


o 157 300 sites marchands actifs (Source DGE – 2013),
o 56,8 M€, le CA de l’eCommerce en France (Source DGE – 2014),
o 4,01 % du PIB national (Source DGE – 2012),
o 2 794 M€ de fonds levés en France en 2015 (+1 Md€ par rapport à 2014) (Source EY – 2016),
o 51% de CA réalisé à l’étranger (Source EY – 2016),
o 50,5 M€ en hausse de 2,2% sur un an pour l’édition logicielle, les services informatiques et le conseil en technologies représentent en 2015 (Sources IDC et Syntec Numérique) o pour chaque emploi détruit, le digital en crée 2,4.


Malheureusement en 2016, il n’existe aucun chiffre pour l’Outremer et nous restons en marge.



Martinique Digital propose

Une phase d’étude destinée à :


- identifier les secteurs à forte valeur ajoutée (SWOT inclus), la qualification de l’opportunité et des acteurs de la diaspora à utiliser comme relais. Ex: le développement informatique de niche (Serious game, Data Management, etc.). On ne considérera pas par exemple, le développement web comme une niche. L’existence sur le marché international d’une force de travail à bas prix sur ledit segment devrait l’écarter de facto,
- identifier les moyens de mutualisation, de maillage, de complémentarité et de différenciation des territoires en considérant les différents projets existants (CCIM, CAP, NORD, etc.),
- étudier la faisabilité sur la création d’un incubateur transnational,
- étudier une adaptation du cadre législatif et réglementaire.
- étudier la faisabilité d’une agence du numérique


Une réflexion générale sur le mode de financement de ce segment par :


- la création d’un fonds régional destiné à l’accompagnement financier des initiatives à dimension technologique et numérique (ouvert à tous les types de structures privées ou public) avec une gestion paritaire privée/publique,
- un appel à projets pour la création de produits financiers innovants faisant appel à la loi sur l’ESS et la loi de défiscalisation industrielle par exemple dont les frais d’amorçage seraient supportés par le fonds régional créé.


D’améliorer la visibilité du marché local autour d’une accroche Lifestyle (qualité de vie et promotion de l’identité) - Sea, Sun&Tech - en s’inspirant de l’exemple du Maroc par :


- le développement d’une filière spécifique d’accompagnement du Digital en s’entourant de mentors internationaux (ayant déjà développé des startups à succès) et d’exemples locaux (José Jacques Gustave,...),
- un modèle disruptif de création d’entreprises pour attirer les talents de la Caraïbe et d’ailleurs,
- la création d’un incubateur animé par les acteurs de l’écosystème pour pérenniser le système et lui donner de la valeur. L’incubateur doit offrir :
- l’hébergement et l’échange transfrontalier aux porteurs de projet,
- un accélérateur : programme intensif en résidence qui se fixe pour objectif d’accélérer la croissance des start-ups. Il s’agit d’un accompagnement à la création, la structuration, au financement des entreprise des TIC (mentorat, services juridiques, services comptables, conseil, etc.) sur le marché Caraïbes et de la Guyane. Il se décline en 3 étapes :
- étape 1 - validation de la demande, viabilité économique et planification du développement
- étape 2 - développement produit et test marché
- étape 3 - lancement, gestion et rencontre investisseurs
- un programme d’immersion visant à confronter son modèle économique (ou MVP ) à travers les réseaux de partenaires aux USA, Canada et Amérique Latine.
- des actions d’immersion éducative auprès des étudiants et jeune public pour promouvoir les possibilités offertes.
- la multiplication des partenariats stratégiques avec des entreprises et universités internationales permettant aux jeunes pousses prometteuses de pouvoir s’adosser à des filières plus matures afin d’accélérer leur croissance tout en boostant le-dit secteur. Cela peut passer par la création d’un laboratoire d’innovation autour de la conduite d’expérimentations du type vieillissement de la population, industrie énergie renouvelables, pharmacie, etc.)


De participer à la création d’une instance paritaire de suivi de l’économie numérique, de prospection, d’aide à la décision et d’évaluation des politiques numériques. Reprenons ici quelques objectifs réalistes :


- accroître de 15% la compétitivité des secteurs traditionnels,
- augmenter le CA des start-ups locales d’au moins 50% d’ici 2020,
- attirer les compétences et entreprises capables de générer de la valeur d’usage et ajoutée,
- lever 5 millions de d’euros,
- créer 300 emplois d’ici 2020.


Cette structure aurait également en charge (en lien avec la CCIM, la COFACE, Business France, etc.) l’évaluation et le dimensionnement du potentiel de chaque marché de la Caraïbe et d’Amérique du Sud. Une équipe serait en charge de la pré-qualification commerciale pour faciliter l’action des entrepreneurs et optimiser les frais de prospection. Par ailleurs, la révision de la définition de l’export (considérant la Guadeloupe et la Guyane comme zone d’export) doit s’ouvrir.


Exemplarité numérique de la collectivité territoriale de Martinique : Martinique Digital propose aussi que la CTM devienne un fleuron national de la transformation numérique des collectivités territoriales, afin d’être crédible face aux partenaires sociaux, en mettant en place une stratégie plus ambitieuse, plus rapide, plus innovante de digitalisation de ses processus internes en partenariat avec les prestataires locaux. Développement des téléservices, services sur mobile, opendata, pilotage par la donnée, dématérialisation, suivi de l’expérience citoyen... A l’export, nous proposons le portage en groupement d’entreprises accolé à de grands groupes nationaux déjà présents. pour répondre à de plus gros marchés sur la grande région (accompagnement, lobby, etc.) et sur la métropole.


Martinique Digital se propose également d’organiser un salon B2B et B2C sur le numérique et les TIC et leur généralisation dans l’économie à travers la présence d’un îlot TIC présentant la déclinaison digitale autour de chaque thématique.


Martinique Digital souhaiterait également que soit mis en place des dispositifs pour favoriser l’accès aux marché de la commande publique : rapidité d’exécution, proximité et accessibilité, connaissance de l’environnement local, allégement des dossiers de candidatures, etc.



4.Identité et culture


Risque


La Martinique au carrefour des cultures a par le temps forgé ses traditions dans la mixité au-cours des derniers centenaires. L’histoire s’efface au détriment d’un apport continue de modes et de tendances de tout horizon.


Le zouk et le bèlè ne sont plus dansés, nos artistes chantent du “Trap” des gangs américains et de la Kizomba Capverdienne et se forgent leur propre pyramide de valeurs sur ces bases.


L’entraide, le resserrement familial se délite contre l’individualisme, la reconnaissance de la médiocrité intellectuelle. La fracture intergénérationnelle s’est accentuée et les espaces de vie publiques se vivent par classe et typologie de population.


Notre gastronomie ne se sublime plus, le calalou passe dans la postérité du “Je me souviens” et le trempage est considéré comme une coutume de barbares. Faute d’avoir pu augmenter le rendement des productions de cannes à sucre par l’utilisation de la technologie, le rhum vieux n’est plus disponible et se fait désormais à Saint-Lucie sans l’AOC.


En 2020, le Tour des yoles n’existe plus depuis 1 an et les courses de quartier entre le François et le Robert pour la suprématie locale ont repris. Dorénavant, le tour des yoles se vit dans les mémoires. L’économie parallèle a sclérosé le paysage économique, la valeur travail ne passe plus faute d’avoir pu démontrer par l’exemple à des générations de jeunes qu’il existe de vraies alternatives aux ACI de coupeurs d’herbes.


Opportunité

En 2020, avec les efforts conjugués des acteurs, le Carnaval, la yoles rondes, la vannerie et autres sont rentrés au patrimoine immatériel mondial. Tout comme nos massifs montagneux au patrimoine mondial de l’UNESCO et dorénavant des ukrainiens et des taïwanais viennent en Martinique découvrir notre GR20 et pratiquer le bèlè dont ils ont eu l’écho par la diffusion massive de la connaissance par la plateforme de valorisation de l’industrie culture et créative martiniquaise.


Grâce à l’exposition de la culture locale, le CDST a triplé son affluence, St-Pierre permet aux visiteurs par la réalité virtuelle de revivre le cadre de vie de l’époque et l’éruption. Une expérience sans commune mesure pour le Tourisme.


Le tour des yoles rondes se vit en live 3D partout dans le monde et les marins du Vendée Globe viennent découvrir cette particularité et travailler avec les Studios Parallèle 14 au développement de modèles constructifs basés sur l’expérience des Mas, Ako, Lagier et consorts. Le progrès de l’application Yole365 a permis de drainer 18 000 participants à travers le monde sur un jeu virtuel... une ouverture sans précédent sur la Martinique inspirée du cas d’école du Tour de France de cyclisme.


Martinique Digital propose

- créer un appel à projets pour valoriser les données disponibles (Bibliothèque Numérique du Patrimoine Martiniquais, ODE, OMEGA, etc.),
- créer une cellule ICC (Industrie Culturelle et Créative) pour la mise en valeur du patrimoine par les outils TIC en partenariat avec la chambre régionale d’artisanat et la CRESS,
- participer à la sauvegarde du patrimoine immatériel (Exemple : Bibliothèque Numérique du Patrimoine Martiniquais).


Sources :

weforum.org
https://www.insee.fr/fr/statistiques/2019757#titre-bloc-8
Du rattrapage à la transformation : le numérique, une chance pour la France - Rolande Berger 2014
Insee, enquête emploi - Avril 2011
http://caribgrowth.competecaribbean.org/launch/competitiveness/skills-future-caribbean-ana-mari a-oviedo/
http://publications.atlanticcouncil.org/lac2030/wp-content/uploads/2016/12/LAC2030-Report-Final.pdf
https://fr.wikipedia.org/wiki/Trap_(musique)